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Lettre de la permanence n°76
(novembre-décembre 2003)

[ Ça bouge en banlieue - Chaud, l'été rue Saint-Sulpice - Aménagements : du bon et du moins bon - Les opposants relèvent la tête - Une campagne de pub pas indispensable, juste inopportune - Velo-city ou la folle semaine ]

Ça bouge en banlieue

Le MDB se réjouit de toutes les actions qui montrent la vitalité du monde cycliste en banlieue. Saluons particulièrement la naissance de l'association Vincennes à vélo qui se propose d'oeuvrer pour obtenir un réseau cyclable en liaison avec les aménagements existants ou prévus sur les communes voisines (Paris, Montreuil et Fontenay-sous-Bois), plutôt que quelques tronçons cyclables dans des rues tranquilles.

A Saint-Denis le samedi 20 septembre plusieurs membres du bureau étaient présents aux côtés de l'AUT Plaine-Commune et d'associations cyclistes pour réclamer des aménagements cyclables lors d'une randonnée dans la ville. « Nous voulons circuler en toute sécurité », « plan vélo réel, pas virtuel », disaient les panonceaux accrochés au dos des manifestants. « Les cyclistes, ça existe », chantait un choeur un peu clairsemé mais convaincu. Pour terminer, brève allocution devant l'hôtel de ville en attendant qu'une délégation soit reçue par le maire.

Dans le Val-d'Oise ce même samedi s'est déroulée la « ronde à vélo » (voir le compte-rendu de B. Roze).

A Champigny le 27 septembre la jeune et dynamique association Villavélo avait elle aussi organisé une manifestation pour dénoncer l'absence complète d'aménagements cyclables dans une ville traversée par de grands axes particulièrement dangereux. Chasubles orange pour les parents, jaunes pour les enfants, les participants à l'opération « l'école à vélo » étaient venus en force et donnaient une fière allure au cortège.

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Chaud, l'été rue Saint-Sulpice

Le dossier de ce numéro évoque les verbalisations excessives de l'été. Le premier épisode marquant a été l'épidémie de contraventions infligées aux cyclistes empruntant à contresens la rue Saint-Sulpice. La condamnation de celle-ci  mise à contresens sur une courte section de la rue Garancière à la rue de Tournon à cause de travaux à l'angle de la rue Mabillon contraignait les cyclistes à des détours hasardeux et non fléchés. Les cyclistes habitués de cet itinéraire, ayant vite compris la faiblesse du trafic sur ce tronçon, l'empruntaient joyeusement et se faisaient cueillir par des policiers vicieux verbalisant à tour de bras.

Alerté, le MDB réagit immédiatement en demandant à la mairie de prévoir un itinéraire sans allongement pour les cyclistes ; à l'appui de cette juste revendication, une « manif » réunit le 6 août une trentaine de cyclistes qui ont mis en place un contresens cyclable grâce à leurs vélos alignés sur le tronçon considéré (voir l'article à ce sujet). Cette réaction efficace a permis d'obtenir de la Mairie le fléchage d'un itinéraire de substitution, confirmant le bien-fondé de la réclamation et, par extension, l'injustice des sanctions. Malgré de nombreux recours celles-ci ont été maintenues.

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Aménagements : du bon et du moins bon

A Paris l'été a vu naître un certain nombre de nouveaux aménagements - Vélo-city oblige - dont certains sont plutôt satisfaisants, comme la piste cyclable du boulevard Pasteur dans le 15e, le contresens rue du Père-Corentin dans le 14e. Plus discutée, la piste cyclable de la rue René-Binet dans le 18e, jugée plus confortable que le boulevard par les uns, inutile par les autres. Boulevard Exelmans, expérimentation d'une bande cyclable avec un simple hachurage matérialisant la zone d'ouverture des portières des voitures en stationnement.

Sur la piste qui longe le canal de l'Ourcq, les travaux sont terminés en direction de Saint-Denis et une piste bidirectionnelle tout à fait correcte est apparue. S'il reste encore des points noirs (ralentisseurs) cet itinéraire est en passe de devenir très agréable.

Durant l'été nous avons pu découvrir avec surprise l'aménagement du quai Panhard-Levassor (Paris 13e), réalisé dans le plus grand secret, avec voie de bus non élargie et piste cyclable sur trottoir (voir l'article à ce sujet). Nos plus fins limiers ont pourtant mené leur enquête, mais sans parvenir à élucider qui a décidé quoi, et pourquoi aucune association cycliste n'a été consultée. Le président du MDB a adressé une lettre au Maire de Paris disant entre autres : « [...] l'aménagement du quai Panhard et Levassor [...] contredit sur plusieurs points les objectifs affichés par votre équipe et vos services : projet non présenté aux associations, aménagement réalisé sans aucune concertation,  aggravation des relations à vélo entre Paris et sa banlieue (Ivry-sur-Seine), discontinuité du cheminement à vélo le long de la Seine, complexification pour les vélos du carrefour Tolbiac-quai rive gauche, où les cyclistes rentrant dans Paris sont censés passer de la gauche à la droite de la voie. »

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Les opposants relèvent la tête

Dans le 15e, la création de la piste boulevard Pasteur et surtout la perspective de son prolongement jusqu'à la Seine s'est heurtée à l'opposition forcenée du maire et d'un groupe de commerçants qui ont organisé pétitions et manifs. Dans le 12e, lors d'une réunion houleuse à propos du projet d'aménagement du secteur Picpus-Saint-Mandé, certains commerçants se sont montrés d'une véhémence inouïe à l'encontre du vélo. Les cyclistes du quartier, fort heureusement, avaient pris l'initiative d'une pétition en faveur des pistes cyclables qui devrait être remise à la mairie du 12e.

Dans un tel contexte, le maintien ou la supression des pistes cyclables de l'avenue de l'Hippodrome dans le bois de Boulogne a valeur de test et de symbole. Thomas Lesay, du cabinet de M. Contassot - et adhérent du MDB - a réuni des représentants d'associations pour leur montrer l'itinéraire de remplacement au cas où la Ville de Paris accéderait à la demande des maires des communes limitrophes et supprimerait ces pistes. De l'avis des cyclistes présents l'itinéraire proposé (route de la Vierge aux Berceaux) serait certes plus agréable mais la suppression de la bande cyclable serait un signal donné aux adversaires de la politique en faveur du vélo, non seulement dans le Bois, mais aussi à Paris.

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Une campagne de pub pas indispensable, juste inopportune

L'INPES (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) a lancé à la veille du congrès Velo-city (hasard ?) une campagne d'affichage sur un quart des abribus de France avec le message suivant : « Face aux dangers de la circulation le casque c'est pas obligatoire, c'est juste indispensable. » L'ennui, c'est que les dangers viennent surtout des voitures. Partout, les associations ont réagi, et à Paris comme dans d'autres villes des adhérents ont entrepris de détourner les affiches en collant, à la place du message final, des slogans plus objectifs : « Automobilistes attention ! un vélo c'est fragile... » ou « Conducteurs, Ingénieurs... et si on pensait aux cyclistes ? ». Collés dans la nuit sur le parcours prévu le soir pour les congressistes de Velo-city et dans le coeur de Paris, les bandeaux ont cependant été arrachés dès le matin... Decaux veille !

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Velo-city ou la folle semaine

Comme prévu, les activités n'ont pas manqué durant la semaine du congrès Velo-city.

Tout d'abord un mot sur l'hébergement qui a été satisfaisant dans l'ensemble grâce à l'organisation mise au point par Marie-Noëlle Festal, grâce aussi et surtout à la disponibilité, la gentillesse et la compréhension des hébergeurs qui ont dû faire face parfois à des situations un peu compliquées sinon rocambolesques : changements de dernière minute, desiderata divers, course poursuite pour récupérer son hôte arrivant à Paris, congressiste appartenant à la gent canine, etc. Mais des liens sympathiques se sont noués dans nombre de cas. Merci à tous une fois encore.

Dès la veille du congrès, le 22 septembre, journée « sans voiture », les congressistes étaient invités à la « visite historique des aménagements cyclables parisiens », qui fut renouvelée le jeudi 25. Une douzaine de congressistes pour la première visite, une quarantaine pour la seconde, accompagnés par une équipe d'adhérents, ont pu écouter les explications détaillées d'Abel Guggenheim, relayé en version anglaise par Sören Schmidt. Des fameux « couloirs de la mort » de la période Chirac à la toute fraîche piste cyclable du boulevard Pasteur en passant par les voies de bus élargies, tous les types d'aménagements ont été passés en revue. Les participants se sont montrés très intéressés et ont posé beaucoup de questions, à tel point que les arrêts ont été plus longs que prévu et les balades ont dû être écourtées ; ils ont pu aussi constater que parfois pour se rendre d'un endroit « cyclable » à un autre le chemin est bien long, semé d'embûches et d'automobilistes énervés... Le 22, à l'issue de la balade, certains congressistes ont tenu à se rendre à la manifestation organisée place du Châtelet par Vélorution, sur le modèle des « masses critiques » que l'on connaît dans d'autres pays. 

Mardi 23, premier jour de congrès, était aussi celui de la photo de famille géante sur l'esplanade des Invalides, les cyclistes parisiens entourant les congressistes, puis tout le monde s'est rendu en cortège, sécurisé par le staff de Paris Rando Vélo, jusqu'à l'Hôtel de Ville où une réception en leur honneur attendait les congressistes, leurs hébergeurs - et quelques chanceux membres du bureau.

Autre balade le lendemain, la fameuse descente des Champs-Elysées organisée par la Mairie de Paris. Cette fois les MDBistes étaient noyés dans la masse des milliers de cyclistes (8 000 d'après les plus optimistes) qui ont participé à cette randonnée aux allures de manif. En effet, après avoir craint d'être submergés par les cyclotouristes de la FFCT on s'est vite rendu compte que les cyclistes urbains étaient venus en masse, avec la ferme intention de montrer qu'ils existent, nombreux et déterminés. Ce que, apparemment, la Préfecture de police n'avait pas prévu, car le dispositif de sécurité était réduit à sa plus imple expression et le service d'ordre de la FFCT a eu bien du mal à contenir les automobilistes et motards furieux qu'on retarde leur retour dans leurs pénates. A l'arrivée à l'hôtel de ville, petit discours de Denis Baupin se réjouissant de cet afflux de cyclistes. Bertrand Delanoë ayant déclaré par ailleurs qu'il fallait « changer de braquet », il ne reste plus qu'à espérer que ces paroles soient suivies de réalisations concrètes.

Suite des festivités le jeudi 25 avec une réception organisée par la RATP ; le vendredi soir de nombreux congressistes ont participé à la randonnée nocturne de Paris Rando Vélo, et les week-ends avant et après le congrès ils avaient le choix entre plusieurs balades, organisées par le MDB ou d'autres associations comme Vélocité ou Réseau Vélo 78.

Durant les trois jours où le congrès s'est déroulé à la Maison de la chimie, le MDB a tenu un stand qui a permis des échanges avec les congressistes, et la vente de documents et produits divers de notre association et de la Fubicy. Au-delà de la réussite incontestable de Velo-city et de la satisfaction générale, le MDB s'est assuré une bonne visibilité comme association régionale d'usagers de la bicyclette. 

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